Carlo Dona, La cerva divina, Guigemar e il viaggio iniziatico (premier article), Medioevo romanzo, 20/3, 1996 : p. 321-377
A la première partie de Guigemar qui se déroule en Bretagne et se poursuit dans le palais (non nommé) de la dame, correspond la seconde partie qui débute dans l'antique cité et s'achève en Bretagne. Le thème de l'enlèvement féérique est répandu dans tout le continent eurasiatique, de l'islande à la Nouvelle Guinée: Marie de France ne mentait pas en affirmant qu'elle réélaborait une vieille légende bretonne dont on retrouve aussi le schéma dans Partonopeus de Blois et Floriant et Florete, ainsi que des équivalents dans Lanval de Marie de France et dans les lais anonymes Graelent, Desiré et Tyolet. La juxtaposition des 2 motifs de l'animal guide et du navire enchanté est exceptionnelle: elle se produit dans Guigemar et dans Partonopeus de Blois et les deux oeuvres donnent de chacun des 2 motifs une réalisation particulièrement élaborée. La présence des perches de cerf sur la tête de la biche blanche (messagère de l'Autre-Monde) n'est pas une bizarrerie introduite par Marie pour renforcer l'étrangeté de l'allégorie, mais appartient bien à un schéma traditionnel (que l'on retrouve dans l'Inchiesta del San Gradale toscan et dans le Dolopathos latin) comme symbole de l'androgynie, la corne indiquant l'autorité et la puissance. Rapproche le motif de l'animal guide du thème de la fille-biche. Le motif de la blessure incurable (qui se retrouve dans le Tristan, le Chevalier aus deus espees, le Perlesvaus et l'Estoire del saint Graal) vient compléter celui de la déesse-mère qui, depuis l'Antiquité, ne peut s'unir qu'avec un individu blessé à la cuisse: la blessure initiatique évite au héros le sort d'Actéon et le fait entrer dans le voyage qui l'introduit dans l'Autre-Monde. (sera continué)Klapp 34. 1996 n° 2739