Fabienne Pomel, Enjeux d'un travail de réécriture : les incipits du Pèlerinage de Vie humaine de Guillaume de Digulleville et leurs remaniements ultérieurs, Le Moyen Age, 109, 2003 : p. 457-472
Résumé dans la revue : Guillaume de Digulleville (1355), le clerc d’Angers (mise en prose en 1465) puis le moine de Clairvaux (remaniement en vers, vers 1500) réécrivent tour à tour le Pèlerinage de Vie humaine. Les incipits permettent d’analyser notamment le mode de transmission et de représentation du texte. Si l’auto-réécriture apparaît comme reniement et rachat, les réécritures ultérieures tentent de réactualiser le texte ou inversement de le rétablir dans son état d’origine. L’élimination du dispositif oral chez Guillaume témoigne du passage à une réception individuelle et silencieuse qui favorise une lecture fragmentée. Sa réécriture repose sur un réemploi partiel de la première version, tandis que le passage du vers à la prose consacre un travail syntaxique et lexical. La position du moine de Clairvaux est intéressante en ce qu’elle défend le texte en vers contre la prose « dépravée » et la seconde version contre la première.