Don A Monson, Les lauzengiers, Medioevo romanzo, 19, 1994 : p. 219-235
Se rallie pour l'étymologie de lauzengier à la théorie de Juan Corominas: l'occitan lauzenga viendrait du bas latin laudemia, du latin laudare avec le suffixe de son antonyme, blasphemia = blâme. Montre que le sémantisme de lauzengier qui paraît englober deux notions contradictoires, celle de flatteur et celle de médisant, peut s'expliquer si l'on admet que les deux activités des lauzengiers ne visent pas les mêmes personnes: les lauzengiers sont ceux qui flattent la dame, dans le but de gagner ses faveurs, en disant du mal du poète. Etudie l'évolution du thème des lauzengiers du concept féodal originel, lié à l'obligation vassalique du concilium et qui peut s'observer dans certaines chansons de geste (Charroi de Nîmes, Couronnement de Louis) à son entrée, par le biais de la métaphore féodale, dans la lyrique des troubadours: les lauzengiers sont les autres troubadours, rivaux réels ou potentiels du poète pour les faveurs de la dame. Analyse les emplois non-lyriques (poésies narratives comme le Tristan de Béroul, le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes ou le Castia gilos de Raimon Vidal de Besalù, poésies didactiques comme le Perilhos tractat qui termine le Breviari d'amor et les épîtres de Guiraut Riquier et de N'At de Mons) dans lesquels l'influence de la lyrique laisse sa marque sur le développement du thème des lauzengiers: dans l'oeuvre romanesque, l'accent est mis sur l'aspect amoureux du thème et les lauzengiers désignent tous ceux qui s'opposent à la réalisation de l'amour, quel que soit leur rapport au seigneur, alors que Guiraut Riquier et N'At de Mons assimilent la création poétique au service féodal et dénoncent les lauzengiers qui compromettent la récompense du poète.