Quand vient l'ultime blessure, le héros épique connaît d'emblée son sort. Le plus souvent, il n'y a ni prêtre, ni médecin auprès du héros épique mourant: ferme contrôle du corps, qui se sait mourir. sensibilité émoussée d'un public recru de morts, repu de sang épique et à qui (...) la geste des Lorrains s'ingénie à offrir l'épice renouvelée d'éviscérations moins attendues. Maître jusqu'au bout de cette arme première qu'est son corps, le héros épique en sait user comme d'une lame fidèle. La mort (...) froidement acceptée du guerrier des luttes fratricides est une mort de tous les jours (...) où, à la différence de celles des héros de la guerre sainte, les âmes importent peu aux poètes. Regard précis, chirurgical, porté sur les blessures. A force de haine, le corps de l'ennemi fascine étrangement, en même temps qu'il suscite l'impérieux besoin de mesurer sa force à la force de l'autre. Pulsion homosexuelle communément inscrite dans l'imaginaire des sociétés de guerriers (Garin, laisse LXXXVIII). La valorisation fascinée du corps de l'ennemi est au centre des plu sombres feux de la geste.Le corps du traître vaincu et tué est dépecé et outragé, celui du héros mort suscite les gestes pieux de la sépulture (séparation des entrailles, embaumement, cortège funèbre...): valorisation passionnelle du corps. Le cas du crâne de Fromont transformé en hanap précieux. Garin et Gerbert sont des contes cruels délibérément déformant, où le corps devient l'objet d'une rêverie férocement ludique.Mots-clés :Thème corps//Garin le lorrain//Gerbert de metz//Theme homosexualité//Theme mort//