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Claire Sicard, Saint-Gelais prête-voix, La Muse de l’éphémère. Formes de la poésie de circonstance de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, Classiques Garnier, 2014 : p. 301-316

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Claire Sicard, Saint-Gelais prête-voix, La Muse de l’éphémère. Formes de la poésie de circonstance de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, Classiques Garnier, 2014 : p. 301-316
À la fin du règne de François Ier et au début de celui d’Henri II, Mellin de Saint-Gelais est par excellence le poète des fêtes de la cour. En tant que tel, il compose de nombreuses pièces de circonstances, que ce soit à l’occasion d’événements que l’on peut juger mineurs mais qui ont leur importance dans la sociabilité aulique, comme les tournois, ou d’autres à la portée politique plus forte – entrées royales, mariages ou naissances des Grands notamment. L’examen de ces pièces variées – cartels, mascarades, ou épithalames par exemple – met en évidence une caractéristique esthétique mais aussi éthique majeure dans la définition du rôle du poète de cour tel que Saint-Gelais le conçoit : loin de construire et d’imposer sa persona, le poète doit tout au contraire s’effacer et prêter sa voix aux membres de la cour qu’il célèbre ou au nom de qui il entonne son chant encomiastique. Se définissant lui-même comme un « truchement », Saint-Gelais se fait ainsi fréquemment le médiateur d’un groupe ou d’une personne particulière. Mais il pousse plus loin encore l’effacement de la voix du poète : traducteur de théâtre, auteur de saynettes jouées et chantées à la cour, il n’hésite pas, dans le cadre-même de ses poèmes, à supprimer sa propre instance énonciative, que ce soit par la disparition du « je » ou plus significativement encore par l’attribution de ce « je » à autrui. On s’interrogera donc sur les modalités de cette poétique de la poésie de circonstance, mais aussi sur ses implications quant au rôle attribué aux poètes de cour dans la célébration des événements auliques, en mettant en relation cette esthétique de l’effacement avec les pratiques de diffusion – orales, chantées, manuscrites – adoptées par Saint-Gelais en cette période charnière où l’édition imprimée et la revendication de l’auctorialité deviennent pourtant la norme.
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1 œuvre traitée
> Mellin de Saint-Gelais | Dizain | Loué soit dieu qui après le peché
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