Danielle Jacquart, L'influence des astres sur le corps humain chez Pietro d'Abano, Le Corps et ses énigmes au Moyen Age. Actes du colloque (Orléans, 15-16 mai 1992), Caen, Paradigme, 1993 : p. 73 - 86
Les rapports entre médecine et astrologie échappent à toute généralisation. Contrairement à l'idée reçue, l'astrologie a tenu une place assez restreinte dans l'enseignement de la médecine au Moyen Age. Le Canon d'Avicenne stipule que le médecin n'a pas à prendre en considération les causes lointaines sur lesquelles il ne peut agir. Au XVe s. Jacques Despars, traducteur d'Avicenne, réfute le bien-fondé de l'utilisation de l'astrologie en médecine. Donc, peu encouragés par le Canon d'Avicenne, les médecins occidentaux n'évoquèrent l'astrologie qu'à propos de quelques problèmes spécifiques: comme le calcul des jours critiques sous l'autorité de Galien. Au contraire, Pietro d'Abano (mort en 1315-1316), plusieurs fois poursuivi pour hérésie (nécromancie ou démonologie), a une vision du monde qui sous-entend un matérialisme astrologique: la mise à distance de la cause première au profit de la toute puissance des caues intermédiaires que sont les astres est patente. Son principal ouvrage, Conciliator differentiorum philosophorum et medicorum (20 questions), veut convaincre les médecins de l'influence des astres. De même, sa Physiognomonie (rédigée à Paris en 1295) expose une théorie de la génération dominée par l'influence des planètes et des signes zodiacaux. Mais pas de fatalisme: au contraire, Pietro d'Abano veut persuader qu'il est possible de se servir des astres: au moyen du régime ou de médicaments, de la fabrication d'images astrologiques (pour calmer la douleur ou guérir la maladie). Ainsi, l'astrologie est libératrice, car elle rend la maîtrise du corps. Mais Pietro d'Abano n'eut pas une grande influence: il est resté à un niveau théorique.Mots-clés :Thème corps//Avicenne: Canon//Canon: Avicenne//Theme astrologie//Médecine astrologique//Pietro d'Abano//