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SYLVAIN MATTON, L'influence de l'humanisme sur la tradition alchimique, Micrologus, 3, 1995 : p. 279-345

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SYLVAIN MATTON, L'influence de l'humanisme sur la tradition alchimique, Micrologus, 3, 1995 : p. 279-345
Dans le De remediis utriusque fortunae (vers 1366), Pétrarque (1304-1374), souvent considéré comme le premier des humanistes, condamne sans ambages l'alchimie. De même Sébastien Brant (1457-1521) dans Das Narrenschiff, Erasme (1469-1536) dans son Encomium Moriae.. Certains humanistes esquissent une critique plus profonde, fondée sur la question de l'utilité de l'alchimie. L'idée que l'alchimie, lors même qu'elle n'est pas charlatanerie, est à repousser dans la mesure où elle constitue une inutile étude se rencontre dans le Dialogus Veritatis et Philalethis du moraliste Maffeo Vegio (1407-1458), dans le De iciarcha de Leon Battista Alberti (1404-1472), dans l'Agenoria de Pandolfo Collenuccio (1444-1504), chez le poète Tito Vespasiano Strozzi (1424-1505). . Cependant Léonard de Vinci (1452-1519) rapproche encore plus l'alchimie de la magie et souligne, attitude rare au moyen âge, son intérêt scientifique en dépit de certaines inventions nuisibles. La défense de l'alchimie sur la base de ses découvertes et productions utiles devient banale au XVIe siècle, et reçoit même une nouvelle impulsion avec la diffusion des idées de Ramus (Pierre de la Ramée: 1515 - 1572). Mais elle a pour corollaire l'établissement de distinctions entre l'alchimie et les arts qui se constituent à partir de ces découvertes (alliages, verre, distillation, huiles et eaux médicinales, poudres explosives).. Ces mises en relief des découvertes de l'alchimie sont indépendantes de la croyance ou non aux transmutations. Marsile Ficin (1433-1499) ne rejetait pas la possibilité d'obtenir un élixir transmutatoire sans que cela l'empêchât pour autant d'épingler les vains alchimistes. Le fèvre d'Etaples (1450 ?- 1536) tenait les transmutations pour très difficiles mais non pas irréalisables.. Débarassée de tout esprit de lucre comme de toute motivation irréfléchie, l'alchimie authentique peut recouvrer chez certains humanistes sa dimension proprement philosophique (cf. l'allégorie du Riso de Democrito d'Antonio Fregoso écrit à Milan en 1506). Refus des jurisconsultes de condamner l'alchimie.. Découverte et diffusion du corpus des alchimistes grecs au XVe et surtout au XVIe siècle. Mais rares sont les humanistes hellénisants à avoir connus et exploités les textes alchimiques grecs.. Parution en 1515 à Venise d'un poème, de Giovanni Aurelio Augurelli (ca 1456- ca 1530) en faveur de l'alchimie (Chrysopoeiae libri tres), dédié au pape Léon X et dont l'innovation majeure fut d'introduire dans la littérature alchimique la doctrine du spiritus mundi ou esprit universel du monde, qui devait y jouer un rôle central jusqu'au XVIIIe siècle.vol. 3: Le crisi dell'alchimia - The Crisis of Alchemy Mots-clés : Alchimie//Histoire des sciences//Sources latines medievales//Histoire des idees//Sources byzantines//Sources grecques medievales//Pétrarque//Sources grecques antiques//Humanisme//Histoire des mentalités//Histoire des techniques//Thème or//Vocabulaire elixir//Sébastien Brandt: nef des folz//latin
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2 intervenants traités
Pétrarque
Sébastien Brant
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  • Littérature scientifique
  • Alchimie